Silhouette gigantesque, mains énormes, mutique, un éclat inquiétant dans l’œil, Eugène Petitcolin déambule dans les couloirs de l’école vétérinaire. Nuit et jour, il équarrit, dissèque, éviscère des centaines de carcasses d’animaux, qu’il moule selon différentes techniques, cire, plâtre, à bon creux, à creux perdu. Sur Eugène, on murmure beaucoup, dans son dos surtout.
Né le 3 janvier 1855 dans les forêts des Vosges, il est devenu en 1882 le premier préparateur anatomique de l’école vétérinaire de Maisons-Alfort, s’est marié, a eu un fils ; il est mort à la Salpêtrière le 9 avril 1928. De la vie d’Eugène, on ne sait guère plus.
Ce qui aurait pu n’être qu’un beau biopic dans un décor fin de siècle devient avec Franck Manuel une méditation sur la vocation, un objet littéraire étrange entre roman naturaliste et roman gothique, la collision d’Émile Zola et Mary Shelley.
Franck Manuel est né en 1973. Romancier, il explore les littérature de genre : biographie romancée, science-fiction, terrible magique, polar, théâtre… Il a publié six romans, dont quatre chez Anacharsis. Sont également parus, aux éditions Cambourakis, Un faux air de Germain Sarde et, aux éditions Astobelarra, Borsch.
Depuis plusieurs années dans le cadre de mes études aux Beaux-Arts, je me consacre à la peinture, à la sculpture, à la photographie et également à la vidéo, dans une démarche qui allie exploration artistique et réflexion environnementale. Ma pratique artistique est pour moi indissociable de la nature, de la vie animale et des récits qu’ils m’inspirent. Mon travail oscille entre art et science, prenant la forme de recherches, d’archives, d’archéologie ou de documentation.
La faune et la flore m’animent particulièrement, non seulement comme sources d’inspiration, mais aussi comme vecteurs de narration. Les voyages nourrissent ma pratique, m’amenant à collecter et transformer des matériaux trouvés, issus de la récupération. Ces éléments deviennent des fragments d’histoires, réinventés et réappropriés pour interroger notre relation au vivant.